à propos des premières semaines en hypokhâgne
- Alex Turner
- 27 oct. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct. 2024
Je ne fais rien et des mots me manquent pour bien m’expliquer.
Les premiers jours d'hypokhâgne furent intéressants, mais ce mot ne veut rien dire, ce mot n’explique rien. Mais quoi dire ? Parler de moi ? De comme je me sens ? Je le fais déjà. Je dois m’approfondir.
J’ai le sentiment de ne rien avoir appris pendant ces jours. Je me sens mal. Ma tête est mal, mon esprit est mal. La stupidité m'envahit et je succombe à elle. Où est ma place ? J’ai entendu dire qu’elle est dans une classe préparatoire. Je ne suis pas sûr. Ma place est dans ma chambre, ma place est dans la ségrégation de moi à autrui. Je ne peux pas arrêter de me comparer aux autres, à mes collègues et au passé. Je ne suis plus l'élève studieux que j'étais auparavant.
Il y a quelques jours, j’ai pleuré… Je m’explique.
On est au cours de Lettres. On lit des textes, on s'entraîne à l’oral, à la locution, au bien-parler et au bien-comprendre. Pourquoi je ne me porte pas volontaire pour lire un texte ? Ma prononciation de la langue française n’est pas parfaite, je dois l'améliorer et atteindre un niveau adéquat pour un étudiant d'hypokhâgne. Au moins, ici, je parle avec d'autres étudiants, la langue française s’harmonise dans mon esprit, avec lenteur, mais avec constance. Voilà moi qui se porte volontaire à lire un texte; voilà moi qui est choisi par le professeur pour lire un texte; voilà moi qui n’arrive pas à bien prononcer les premiers mots et doit se reprendre. L’embarras m’arrive et il s’empire avec des rires que j'écoute. Je lis de pire en pire. Après la lecture, on continue le cours comme si de rien n’était ce qui vient de se passer. Et de rien c’était, c’est vrai, mais mon esprit s’effondrait et je luttais pour le tenir. Conséquemment, des idées envahirent mon esprit avec vitesse, une après l’autre. Je me questionnais sur ce que je faisais là. Par rapport à mes collègues, je me sens complètement en retard, nul. Ils ont de la culture générale, ils étudient et s’impliquent à l’instruction. Je me sens incapable d’atteindre leur niveau. Je n’arrive pas à faire ce que je dois faire. Je voulais pleurer, mais pas devant tous, donc j’attendis la fin du cours et réfléchi d’aller à l’infirmerie, mais je ne voulais pas perdre le cours de philosophie non plus. Je passai les quinze minutes de la pause du matin à penser à quoi faire. Les larmes arrivaient à mes yeux, donc quand ma professeure de philosophie arriva je lui demandai si je pouvais y aller à l’infirmerie, j’avais besoin de pleurer, d’éprouver une catharsis.
Voilà moi qui arrive à l’infirmerie, voilà moi qui s'assoit dans un fauteuil en attendant l'infirmière l’appeler à entrer dans sa salle, voilà moi qui commence à pleurer. Je pleure bas, il n’y a que des petites larmes qui s’écoulent de mes yeux. Je regarde par une fenêtre le ciel nuageux et le bâtiment du lycée. Je réfléchi sur moi et sur autrui. Pendant que je pleurais d’angoisse entouré d’affiches qui conscientisent sur la santé mentale, mes collègues étaient dans une salle en train d’apprendre de la philosophie. Comme il est étrange toutes ces choses différentes qui se passent en un même instant, en dehors de notre ressenti. Comme il est étrange toutes ces choses ordinaires qui peuvent arriver à causer des souffrances. Je pleurais à cause des rires. Voilà moi dans un état de fragilité et d'impuissance face aux autres qui se montrent meilleurs que moi dans tous les domaines. Quand j’entre dans la salle de l'infirmière, les larmes écoulent avec force.
J’aime l'hypokhâgne, mes enseignants, mon lycée, mes collègues. Mais ça va pas, et je suis fatigué de répondre que ça va quand en réalité ça ne va pas. Et je suis fatigué d’à chaque fois que je réponds avec sincérité en disant que ça ne va pas être demandé les raisons. Je ne veux pas justifier ma réponse.
Ça va ? Non. Il y a longtemps que je me sens mal. J'y suis habitué.
Personne n'est parfait et tu ne vaux pas moins que les autres.
Tu as le droit de te sentir mal, de plus réussir à suivre les cours, d'avoir besoin de faire une pause, ne te reproche pas ça. Les autres sont loin d'être parfait ou mieux que toi, on a tous des vulnérabilités, des failles qui font partis de nous. Tous ce qu'on peut faire c'est essayer de les comprendre et de vivre avec.
Tes camarades ont été bête de rigoler, je n'aurais sans doute même pas reussi à me lever pour parler devant la classe et je pense que eux non plus. Et puis, sans exagéré tu as l'un des plus bel accent français que j'ai entendu, tu parles…